Edito novembre 2010
Emportés par la foule...
“ Emportés par la foule qui nous traîne, nous entraîne, ... ”.
Sur des registres tout autres que celui de la chanson d'Edith Piaf, ces paroles me semblent nous interpeller, au travers de l’actualité, par deux voies curieusement convergentes.
Tout d'abord, l'organisation de protection de l'environnement WWF, dans son rapport “ Planète Vivante 2010 ”, souligne, sur la base des données de 2007, que nous utilisons, globalement, pour vivre, les capacités d'une planète et demie. D'ici 2030, même avec des prévisions modestes sur la croissance démographique, la consommation et le changement climatique, nous aurons besoin de la capacité de deux planètes, si rien ne change. La foule mondiale nous entraîne-t-elle vers la catastrophe ? Le débat n'est pas simple. En fait, il semble que le problème majeur ne soit pas tant l'insuffisance du volume de nos ressources, y compris avec une population croissante, que la disparité impressionnante de leur utilisation. Le style de vie des pays riches contribue à une préoccupante injustice globale de notre monde, même si ce n'est pas, et de loin, le seul problème.
Autre pensée : si nous regardons, en France, le déroulement de la réforme des retraites, nous pouvons, certes, nous interroger sur le rôle de la foule dans l'exercice de la démocratie. La question est classique et d'une actualité renouvelée. Mais on peut remarquer, dans la contestation, une constante plus ou moins latente : la demande que, pour assurer de façon pérenne le financement des retraites par répartition, les salariés ne soient pas les seuls sollicités, les ressources autres que les salaires étant mises à contribution de façon plus importante. Là encore, c’est le problème d’une certaine injustice.
Et dans la Bible ?
Pour ne parler que du Nouveau Testament, on peut penser à l'aspect versatile des réactions d'une foule capable d'être influencée par des chefs religieux pour envoyer à la mort (en sauvant un bandit) ce Jésus que, quelque temps auparavant, elle avait honoré comme roi.
Est-ce pour cela que Paul invite les chrétiens à ne pas se conformer au monde actuel ? En tous cas, il nous faut entendre la recommandation de la lettre aux Hébreux (chap. 12). Il s'agit encore de foule, mais cette fois-ci du vaste ensemble des témoins de tous les temps dont nous sommes appelés à suivre l'exemple, en gardant, dans notre marche de chrétiens, les yeux fixés sur le Christ ressuscité.
Oui, laissons nous emporter par la foule des témoins de Dieu, et persévérons dans la foi. Et, comme signe de la réalité de cette foi, ayons à cœur de contribuer à la lutte, dès ici-bas, contre les injustices de toutes sortes, qui sont fustigées par la Bible. Ainsi, dans le calme et la confiance, réjouissons-nous de la perspective, que nous donne le livre de l'Apocalypse, de nous joindre à la foule des nations qui pourront, dans la nouvelle Jérusalem, rendre à l'Éternel gloire et honneur.
Michel CHARLES
Vous pouvez retrouver cet édito dans le Bulletin du mois de novembre 2010